مختارات سينما إيزيس
معرض فوتوغرافيا لصلاح هاشم
فن الفوتوغرافيا عند صلاح هاشم
في مسرح " التحرير" وإنطلاقة ثورة 25 يناير 2011
بقلم
نصيرة بلامين
صلاح هاشم في ميدان التحرير مسرح انطلاقة ثورة 25 يناير 2011
بقلم
نصيرة بلامين Nassira Belamine
تقديم بقلم المحرر
الفنان يكتب بقلمه ، ويصور بأي آلة تصوير " كعب كوباية" من التراب، ويخرج بكاميرته، للعين التي تستطيع أن ترى دوع الأشياء، فيجعل باستطاعة الفوتوغرافيا أن تبرز المرئيات وتستنطق الصور، وتخرجها من العتمة الى النور.عدسة صلاح هاشم في ميدان التحرير مسرح انطلاقة الثورة وبطاقة تعريف بدقة للكاتب والناقد والمخرج السينمائي
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Place Tahrir : Quand la
photographie exprime la « visibilité »
jeudi
20 octobre 2011, par Nassira Bellamine
L’obscurité est une sphère
dans laquelle on ne peut rien identifier, un sentiment d’étourdissement et de
vide infini qu’on ne peut ni saisir, ni se situer, seuls le vertige et la
sensation d’évanouissement prennent le dessus. Dans l’obscurité, on est
« invisible », on « n’existe pas », on est rien. Et
pourtant, il suffit d’une étincelle de lumière pour « exister » ou
plutôt pour rendre « visible » ce qui était « invisible ».
La lumière est une flamme,elle
« s’élève » elle se propage « verticalement », cette
verticalité traduit le mouvement et la vivacité : la flamme s’impose. Il a
suffit à Mohamed Bouazizi, un tunisien de 26 ans, de s’enflammer, ce jour du 17
décembre 2010, pour que le reste du monde entier prenne conscience de
l’existence de ce jeune marchand ambulant, voire même l’existence de toutes les
populations arabes (qui n’existaient pas ou qui étaient juste des ombres).
L’avènement du « printemps arabe » a bouleversé le paysage visuel
médiatique, de l’immolation de Bouazizi aux récents bouleversements dans le
monde arabe, l’image de la rue arabe traduisait bien une chose : la
« VISIBILITE »...
Un révolutionnaire sur la tête d’un char, tenant le
drapeau égyptien d’une main, et l’autre lancée en l’air comme s’il s’adressait
à un auditoire, tel Cicéron. © Salah Hashem
J’ai voulu mettre en exergue
cette notion de « visibilité » à travers un travail d’un journaliste
et cinéaste égyptien Salah Hashem* qui a décidé de se rendre à la place Tahrir
au lendemain de la « Conquête des chameaux ». Avec l’œil de sa
caméra, il a immortalisé quelques traits de la révolution du 25 janvier, avec
des prises photographiques et à travers un film documentaire qui est en cours
de réalisation. Premier pas vers la place Tahrir, signe un véritable théâtre de
la rue, un voyage au cœur de la révolution égyptienne. Tel était le but de
Salah Hashem qui a commencé à suivre cette révolution qui s’improvisait au fil
des jours : « je me suis rendu compte de suite que la place
offrait un champs ouvert où tous les modes d’expression étaient bien présents.
J’étais ébloui, devant cette force du peuple, qui jadis avait perdu l’éclat de
vie dans son regard, et ne reflétait qu’impuissance et déchirure au point qu’il
est devenu étranger de lui-même, le voici ranimé par la flamme de la vie, je le
voyais comment il se renouvelait et se réinventait debout à travers des
slogans, des messages, des dessins, des caricatures, à travers sa propre presse
qu’il improvisait. Communiquer devenait une nécessité pour lui, à la place
Tahrir, le peuple exerçait sa liberté d’expression totale. L’art s’exprimait
aux sons de l’improvisation, le peuple existait ».
Le travail photographique de
Salah Hashem ne se limite pas à enregistrer ou à une « imitation
parfaite » de ce qu’était la révolution égyptienne. Ces photographies ne
rentrent pas dans la simple « mimésie » de la réalité.
L’interprétation des éléments sémiologiques d’une photo dépend bien d’un
contexte, car en dehors de ça, le message visuel n’est qu’évolutif, c’est
pourquoi le contexte est nécessaire pour comprendre ce « quelque
chose que tout le monde perçoit mais qui n’a pas la même valeur ni le même sens
pour tous » [1].
« Freedom », un désir fort qui rend ces
jeunes endormis par terre solidaires et forts © Salah Hashem
Cette représentation ambiguë
de l’image ou de la photo implique un rapport entre le « représenté »
et le « non-représenté », le « montré » et le
« non-montré », le « visible » et le
« non-visible ». Cette série de négation constitue ce qu’on appelle
dans le jargon de la photographie l’absence, et sa signification dépend du
rapport qu’il y a entre les signes visibles (représentés) et les signes
invisibles (non représentés).
Cette photographie de Salah
Hashem où deux jeunes révolutionnaires semblent dormir peut offrir deux
lectures de ce moment-événement. Malgré le fait que ces jeunes ne bougent pas
et qu’ils semblent passifs, nous ne sommes pas dans une simple occupation de la
place Tahrir .Ici ils sont comme des morts , l’affiche "freedom"
renforce cette immobilité et connote la détermination d’aller jusqu’au bout
quitte à perdre la vie .
Les photographie de Salah
Hashem dégagent un véritable potentiel, et montrent cet égyptien qui venait
manifester, occuper la place Tahrir, et voir comment l’Egypte était faite. En
réalité il voulait exprimer sa volonté de « se mettre debout »,
l’égyptien cherchait sa visibilité de citoyen.
Certaines photographies mettaient en scène la posture verticale des révolutionnaires, une posture pertinente qui traduisait la volonté d’exister (être debout c’est être vu, être vu c’est exister) : sur certaines photographies le révolutionnaire était agrippé à un poteau, ou debout sur une estrade ou un mur, ou à la hauteur d’une statue. Il levait sa tête : « Lève ta tête, t’es Egyptien », criaient les révolutionnaires… Le révolutionnaire respirait, il était bien vivant.
Certaines photographies mettaient en scène la posture verticale des révolutionnaires, une posture pertinente qui traduisait la volonté d’exister (être debout c’est être vu, être vu c’est exister) : sur certaines photographies le révolutionnaire était agrippé à un poteau, ou debout sur une estrade ou un mur, ou à la hauteur d’une statue. Il levait sa tête : « Lève ta tête, t’es Egyptien », criaient les révolutionnaires… Le révolutionnaire respirait, il était bien vivant.
Le peuple se lève, il est debout sur pied, il fait
face : il veut qu’on l’entend : photo, un manifestant brande un
drapeau sur lequel on peut distinguer un fragment du message « Appel pour
signature ». © Salah Hashem
Cette volonté d’exister s’est
exprimée aussi à travers le désir d’informer de ce qui se passe réellement à la
place Tahrir, le peuple s’est mis, alors, à élaborer sa propre presse pour
« transmettre l’information » ou plutôt l’évènement ». Il
devenait le journaliste, le reporter, le témoin, l’évènement, le maquettiste,
le titreur, le rédacteur, l’afficheur, il réunissait en lui à la fois l’Operator,
le Spectator et le Spectrum [2]. Ce désir d’être vu et aperçu se
reflète aussi dans les slogans que les révolutionnaires affichent : toutes
les forces sociales veulent occuper un champ de vision, ils occupent la place
(le lycéen, le citoyen simple, les femmes, les laïcs, les frères musulmans, le
poète, le dessinateur…).
Et parce que, la « visibilité
est un pouvoir-voir donné au sujet, une modalisation positive attribuée par
l’objet visible qui permet au sujet (…) de le voir. La codépendance entre sujet
percevant et objet perçu s’affirme nettement. L’objet modélise le sujet en lui
attribuant la compétence extrinsèque du pouvoir-faire sur le plan
cognitif » [3]... Dans sa quête de visibilité et (sa
volonté de vivre), le révolutionnaire cherche en réalité son pouvoir-faire ou
plutôt pouvoir-agir et c’est ça qui certifie sa liberté et produit un sentiment
de puissance à transformer le monde.
Premier pas vers la place Tahrir, atteste que l’image révèle à la fois le « visible » et l’« invisible », et qu’ elle tire son pouvoir de nos propres sentiments, de notre inconscient, de notre relation avec le monde et le réel.
Premier pas vers la place Tahrir, atteste que l’image révèle à la fois le « visible » et l’« invisible », et qu’ elle tire son pouvoir de nos propres sentiments, de notre inconscient, de notre relation avec le monde et le réel.
Salah Hashem
Ancien
journaliste, écrivain et cinéaste, d’origine égyptienne, il réside en France
depuis 1974, il a travaillé comme journaliste et grand reporter auprès des
grands journaux arabes tels que : Al Ahramp, Charq Al Wasat, Al Watan el
Arabi, Koul El arab, El Hayet.
Critique de cinéma, il était membre de jury à plusieurs reprises :
1989, membre du jury de la caméra d’or au festival international de Cannes ;
Membres de jury au festival d’Antalia, Turquie en 2000.
Membre du jury à Art Film Festival en Slovéquie, 2001, avec Alain Robbe-Grillet (l’inventeur du nouveau roman en France).
Membre du jury de la critique au festival cinéma méditerranéen de Montpellier pour quatre années consécutives.
Couvre pour la presse arabe (Al Ahram, Charq Awssat, Al qabas) le festival de Cannes depuis 1982.
Auteur de plusieurs livres, entre autres, « L’autre patrie » en trois tomes.
Sinidibadiyettes : ou voyages, Le cinéma arabe au-delà des frontières, Le Cheval blanc (séries de nouvelles).
A étudié le cinéma à l’université de Vincennes à Paris 8 et diplômé d’une maîtrise en littérature anglaise.
Il a déjà réalisé deux films documentaires : A la recherche de Rifaa, et Parole des yeux.
Et actuellement en cours de réalisation de deux films documentaires :
Premier pas… au cœur de la révolution égyptienne et Comme s’ils étaient des cinéastes.
Website : http://cinemaisis.blogspot.com/
Critique de cinéma, il était membre de jury à plusieurs reprises :
1989, membre du jury de la caméra d’or au festival international de Cannes ;
Membres de jury au festival d’Antalia, Turquie en 2000.
Membre du jury à Art Film Festival en Slovéquie, 2001, avec Alain Robbe-Grillet (l’inventeur du nouveau roman en France).
Membre du jury de la critique au festival cinéma méditerranéen de Montpellier pour quatre années consécutives.
Couvre pour la presse arabe (Al Ahram, Charq Awssat, Al qabas) le festival de Cannes depuis 1982.
Auteur de plusieurs livres, entre autres, « L’autre patrie » en trois tomes.
Sinidibadiyettes : ou voyages, Le cinéma arabe au-delà des frontières, Le Cheval blanc (séries de nouvelles).
A étudié le cinéma à l’université de Vincennes à Paris 8 et diplômé d’une maîtrise en littérature anglaise.
Il a déjà réalisé deux films documentaires : A la recherche de Rifaa, et Parole des yeux.
Et actuellement en cours de réalisation de deux films documentaires :
Premier pas… au cœur de la révolution égyptienne et Comme s’ils étaient des cinéastes.
Website : http://cinemaisis.blogspot.com/
©
Salah Hashem
A gauche : comme s’ils
guettent (la sortie d’une) personne, certains se sont même accrochés à un
panneau publicitaire sur lequel, une écriture à la main a été rajoutée :
« Que Moubarak tombe », sur les bandereaux, on peut lire « Vive
la nouvelle génération », « Vive la révolution du 25 janvier… Vive
l’Egypte libre vive le peuple libre ». A droite : des manifestants se
regroupent massivement à proximité d’une affiche, on peut distinguer ces
inscriptions : « Les représentants du régimes et les promoteurs du mensonge
ne nous échappent pas ».
©
Salah Hashem
A gauche : des jeunes
manifestants se mettent sur un cantonner, appartenant à une société
d’électricité, on a l’impression qu’ils étaient longtemps privés de cette
énergie et que maintenant ils en prennent possession. A droite : Des
jeunes s’élèvent à la hauteur d’une statue, quelques uns brandissent le drapeau
égyptien, d’autres comme le jeune accroupi tient entre ses mains un pancarte
sur lequel est inscrit : « Vendredi de la victoire, nous sommes tous
libres ».
©
Salah Hashem
Des maquettistes, se révèlent
à la place Tahrir, une autre façon de faire la presse, le montage des articles
adopte la méthode de coupure de presse (découpage/collage). Le peuple égyptien
nous a inventé de grands feuillets, la page du journal était fixée par terre
avec des pierres (photo gauche), c’est de l’info terre-à-terre (dénotant le
réel des évènements). Les coupures de presse étaient aussi collées sur un grand
pancarte publicitaire, on a l’impression d’être devant un écran de cinéma,
c’est le goût du cinéma égyptien qui se fait sentir (photo à droite).
©
Salah Hashem
Longtemps contestés, les
médias égyptiens œuvraient pour la désinformation, le peuple leur attribuait la
fonction du « désinformateur ». A gauche un journaliste professionnel,
se révolte contre le régime et clame pour une presse libre. Il élabore
l’information à sa manière, un chapeau de carton portant la mention :
« Au nom de tous les journalistes honnêtes : Dégage ! »,
sur le revers du chapeau, des mentions répétitives « Dégage ! ».
Et une affiche entre les mains dénonçant « l’air d’accroupissement »
avec une copie d’image d’une vidéo sur laquelle figure la ministre du travail
Aïcha Abdel-Hadi entrain d’embrasser la main de Suzanne Moubarak, la mention
accuse : « Celle qui s’accroupit pour embrasser la main de la Dame ne
défendra jamais l’honneur et la dignité d’un employé ». A droite, un
groupe de journalistes guidé en tête par des femmes dénonce les mensonges
auxquels se livre la TV égyptienne et incrimine le ministre de l’information
Anas Faki de la désinformation.
©
Salah Hashem
Le journalisme de la rue a
réservé aussi une grande partie pour la caricature, adoptant même des formes
artistiques nouvelles, le jeu avec le plastique et l’ombre projette un certain
réalisme (photo gauche). A droite, un manifestant accroche un pancarte (à la
manière des premières presses criantes) annonçant un évènement urgent :
« Urgent : Moubarak tente de s’immoler devant l’assemblée populaire,
il demande LA CHUTE DU PEUPLE », c’est l’art du sarcasme qui prend part.
©
Salah Hashem
Entre la visibilité du lycéen
(photo gauche) qui réclame son droit d’exercer la politique : « La
politique n’est pas seulement à l’université » et la visibilité d’être un
simple citoyen (photo droite) la conscience politique de la jeunesse égyptienne
est bien en éveil, le jeune homme (à droite) porte une affiche sur laquelle est
inscrit : « J’ai porté une barbe pour ressembler au prophète, Il a
dit (Moubarak) emprisonnez-le, c’est un terroriste ; je me suis mis à
réfléchir et à poser des questions, Il a dit, détruisez-le c’est un laïc ;
je me suis dit bon je réclame mon intégrité et ma dignité, Il a dit le ballon
et le chant te suffiront assez ; mais lorsque j’ai vu le sang des martyres
versés, je me suis résolu à ce que Moubarak partira à jamais ».
©
Salah Hashem
Toute les forces sociales sont
visibles (les non frères musulmans et les frères musulmans), à gauche un couple
(comme s’ils allaient contracter un mariage) portent l’affiche
« Aujourd’hui nous avons signé pour la liberté et cela pour
longtemps : le peuple égyptien ». A droite, un autre couple déploie
la caricature on distingue le visage de Moubarak avec un code barre, comme s’il
était un produit de consommation, avec une date de péremption :
« Date de validité jusqu’au : 25 janvier 2011 », à gauche
de l’affiche le dessin d’un avion sombre (destination inconnue ?) avec les
inscriptions : « Départ de la république égyptienne arabe, le 11
février 2011, Air Republic Egypt ».
Exposition Photo de Salah Hashem
Egypte.Al
Midan" Tahrir Place"
du 28 février au 30 mars 2012
Mediatheque Louis Aragon
2 , Avenue Gabriel Peri
92220 Bagneux
du 28 février au 30 mars 2012
Mediatheque Louis Aragon
2 , Avenue Gabriel Peri
92220 Bagneux
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