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Jazz et cinéma, un mariage réussi
La 3e édition du Festival
Jazz et Films s’est tenue les 10 et 11 décembre à la Bibliotheca Alexandrina.
Le public a pu y explorer les liens étroits entre les deux genres à travers la
projection de films cultes, de colloques et d’hommages.
Miles Davis et Jeanne Moreau, un
double hommage.
Yasser Moheb
20-12-2017
Accueilli cette année par la Bibliotheca Alexandrina du 10 au 11
décembre, le Festival Jazz et Films, fondé et organisé par le critique et
réalisateur égyptien Salah Hashem, a fêté sa 3e édition. Cette manifestation
musico-cinématographique, organisée par le portail Cinemaisis en collaboration
avec l’Institut français d’Egypte, a pour objectif d’explorer l’aspect
africain de la personnalité égyptienne par le biais de la musique jazz, ce
genre qui s’est essentiellement développé grâce aux Afro-américains. « On
souligne toujours l’arabité de l’identité égyptienne, mais on ignore le plus
souvent la dimension africaine de celle-ci », souligne Salah Hashem,
fondateur du festival. Et d’ajouter : « L’idée de ce festival m’obsédait depuis
une dizaine d’années, étant convaincu par l’importance de dévoiler autrement
les multiples facettes du pays. Il n’y a pas mieux que l’art pour le faire,
surtout à l’heure actuelle, au moment où d’autres forces ne cessent de faire
germer le fanatisme et la violence ».
Le festival a projeté plusieurs films évoquant, sous des angles
différents, le jazz, ce genre musical qui a le vent en poupe depuis les années
1950. Après les deux précédentes éditions, tenues au centre des Jésuites,
c’était cette fois au tour de la Bibliotheca Alexandrina de s’ouvrir au monde
du ciné-jazz. Trois hommages ont été rendus à des icônes artistiques, notamment
à la comédienne française Jeanne Moreau, qui nous a quittés cette année, et au
célèbre trompettiste afro-américain Miles Davis, incontournable référence dans
l’histoire du Jazz. Un des fameux films interprétés par Moreau, Ascenseur
pour l’échafaud, de Louis Malle, sorti en 1958, et dont Davis avait créé la
musique, a ainsi été projeté lors de la première journée du festival.
Le pitch : un homme assassine son patron avec l’aide de la femme
de celui-ci, dont il est l’amant. Voulant supprimer un indice compromettant,
il se retrouve bloqué dans l’ascenseur qui l’emporte sur les lieux du crime.
Florence, qui attend son amant à la terrasse d’un café, aperçoit une voiture
qu’elle prend pour celle de son amant, mais ne distingue pas le conducteur.
Elle constate tout de même qu’il est en aimable compagnie. Jalouse et se
croyant trahie, elle erre dans Paris, tandis que Julien essaie toujours de
sortir de l’ascenseur. Pour accompagner la jeune femme déambulant dans les
rues, Miles Davis improvise sur sa trompette, enregistrant enfin, sous son
nom, l’une des plus grandes bandes musicales de l’histoire, qui propulse d’un
coup le jazz au coeur de l’imaginaire cinématographique.
Jazz et film noir
Salah Hashem, fondateur
et organisateur du festival.
Improvisant sur quelques accords de blues
basiques, le regard fixé sur les images défilant sur l’écran, offrant une
musique touchante, lyrique et mélancolique, le trompettiste, touché par la
grâce, a converti l’exercice de style de Louis Malle pour faire entendre pour
la première fois la musique caractéristique et secrète qui deviendra celle des
grands films policiers américains. Il a ainsi associé pour toujours jazz et
film noir. Un colloque a été organisé après la projection du film, lors duquel
public et cinéphiles ont pu échanger avis, questions et commentaires.
Quant au troisième hommage, il a été consacré au célèbre réalisateur
et ethnologue français Jean Rouch. Coïncidant avec le centenaire de sa
naissance, l’un des principaux films signés Rouch a été projeté dans le cade de
cet hommage : Moi, un noir, sorti en 1957. Le réalisateur est réputé pour son
style, qui a largement contribué à effacer les frontières entre cinéma
documentaire et cinéma de fiction à travers de nombreux documentaires portant
sur le sort des Africains. Sa filmographie a fait l’objet de discussions
approfondies pendant le festival. Un autre débat s’est tenu en présence du
batteur et jazziste égyptien Yéhia Khalil, qui était l’invité d’honneur de
cette 3e édition, avec comme thème : l’origine et la renaissance du jazz. Le
Festival Jazz et Films a ainsi réussi à s’imposer comme un rendez-vous
artistique et culturel qui tient toujours ses promesses.
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